La fanfare en 1872, il y a 150 ans

 

Dans la VIGIE DE DIEPPE, le 05 avril 1872

 

On nous écrit de Saint-Nicolas-d’Aliermont

 

Lundi 1er avril, la fanfare de Saint-Nicolas, mue par un sentiment patriotique a donné un bal pour la libération du territoire, qui a produit une recette nette de 318 fr. 10 c. Les membres de la fanfare eux-mêmes ont voulu payer leur entrée à ce bal, fixée à 1fr. par personne, bien qu’ils se soient chargés personnellement de tous les frais d’organisation.

 

On ne saurait trop louer l’esprit de désintéressement dont ont fait preuve, en cette circonstance, les jeunes gens qui ont pris l’initiative de cette fête, et nous ne doutons pas que leur exemple ne soit suivi par d’autres sociétés musicales.

 

Fanfare de Saint-Nicolas-d'Aliermont, vers 1930

 

Dans la VIGIE DE DIEPPE, le 07 mai 1872

 

 

On nous écrit de Saint-Nicolas-d’Aliermont :

 

Dimanche, notre beau village était en liesse.

 

La Musique de Dieppe prêtait son fraternel concours à notre fanfare qui avait eu la généreuse pensée d’organiser un festival-concert au profit des pauvres.

 

À son arrivée, la Musique de Dieppe a été reçue par M. Gamard et les membres de la fanfare, M. le Maire de Saint-Nicolas est venu, lui aussi, remercier les musiciens dieppois.

 

À cinq heures précises ouverture du festival dans la propriété de M. Placide Denis où tout avait été préparé avec goût.

 

Les musiciens prirent place sur une élégante estrade garnie de feuillages et de drapaux (sic).

 

Malheureusement le temps qui, jusqu’alors, avait été beau se rembrunit ; la pluie tombe avec une telle violence que les auditeurs et les musiciens sont forcés de chercher un refuge dans une salle couverte où l’exécution des morceaux portés au programme se continue à la satisfaction générale.

 

La Musique de Dieppe paraît composée d’éléments très-bons ; elle est nombreuse et travaille avec ardeur à ce qu’on nous assure.

 

Si dans la première partie son exécution a été faible, elle a pris sa revanche dans la seconde où elle s’est fait très-justement applaudir.

 

Il est juste de dire que le mauvais temps avait dû contrarier les exécutants dieppois.

 

Quant à notre fanfare on peut, sans restrictions, lui adresser des éloges sincères.

 

Tous les morceaux qu’elle devait jouer ont été brillamment enlevés, mais c’est surtout dans la valse intitulée les Bords du Rhin qu’elle s’est fait remarquer. Justesse, mesure, nuance, tout était rendu dans la perfection.

 

M. Gamard peut être fier à juste titre de ses musiciens ; ils marchent d’un pas ferme dans la voie du progrès, aussi leur crions nous à tous : bravo ! bravissimo !

 

À l’issue du festival, la fanfare a offert un punch aux artistes dieppois.

 

Le chef de la Musique de Dieppe a porté un toast à la fanfare de Saint-Nicolas auquel naturellement M.Gamard a répliqué par un toast à la Musique de Dieppe.

 

M. Prevet, membre de cette dernière Société, a profité de la circonstance pour remercier ses camarades de l’empressement et du bon vouloir qu’ils ont apporté lors de la réorganisation de ce corps musical ; il a terminé sa petite allocution par un toast à M. Le Gros, maire de Dieppe, dont la bienveillante protection a été si utile, a-t-il dit, aux organisateurs de la Musique de Dieppe.

 

Avant le départ, le directeur de la Musique de Dieppe a fait une quête dont le produit viendra s’ajouter à la recette du festival s’élevant à 90 fr.

 

Il est regrettable que la Société des auteurs et compositeurs de musique ait cru devoir amoindrir le résultat financier de cette fête de bienfaisance en réclamant, pour ses droits, la somme de 10 fr., ce qui nous paraît excessif, eu égard au peu d’importance de notre festival.