1828, visite pastorale du cardinal de Croy

De passage à Saint-Nicolas d'Aliermont, le cardinal de Croy note dans ses cahiers à la date du 05 août 1828 les observations qu'il a pu faire. Le texte est "brut de décoffrage", sans modifications.

 

Duchesse du Berry en 1825 par Thomas LAWRENCE, Château de Versailles

« Bonne heure de marche. On monte dans les pierres pendant une demie heure, puis on suit la rue de St-Nicolas qui a en tout 5 grands quarts de lieue de long. Plus de 1800 habitants fabricants d’horloges. Le Maire, gentilhomme… ne fait pas ses Pâques. Quelques-uns du Conseil Municipal les font et quelques-uns du Conseil de Fabrique. 800 habitants font leurs Pâques, et de ce nombre, environ 300 hommes. Le maître d’école est bon, mais les enfants des deux sexes sont d’une effroyable ignorance. Dès qu’ils ont fait la Première Communion, ils vont dans les fabriques et n’apprennent plus rien. Point de sœur, ce qui serait bien nécessaire. L’église n’a rien. Les bancs et les quêtes font environ 800 F. Il y a 15 mariages civils, et il s’en fait encore. Beaucoup de danses. Dix caffés : le maire les tient fermés pendant les offices. J’ai dû appuyer sur le libertinage qui est affreux, sur le travail du dimanche et sur les cabarets. Le curé, M. Louis Lethelier, homme respectable et d’âge, mais blessé d’une chute de cheval, y perd son latin. Il a un supplément de 50 F. La commune ne fait rien pour l’église, mais le maire m’a promis. Le presbytère est bien et sa masure grande avec bâtiments et un joli jardin. L’église est gothique, très grande, a deux nefs et le chœur est beau. L’affreuse sacristie va être refaite. La nef est très pauvre et mal pavée, le maître-autel est bien. L’ostensoire interdit. Les confessionnaux doivent être fermés à clef et avoir des rideaux et des images saintes. Les pierres sacrées n’ont point de reliques ; on va en acheter de nouvelles. J’ai aussi ordonné de changer la chaire. J’ai trouvé les Saintes Huiles en argent en très mauvais état et malpropres, les hosties affreusement faites et j’ai prescrit celles des carmélites de more. J’ai ordonné que la lampe brûle toujours. Il n’y en avait pas en huile. Le maître autel n’avait que deux nappes. »