JE ME MARRE
Pour le dernier atelier de la "saison", l'équipe était au complet et renforcée par un témoin amical venu se renseigner sur les progrès et les projets de la "savante" assemblée. Déjà une première raison de rire et de plaisanter.
Le malheureux invité a dû se soumettre à la consigne de l'animateur qui avait mitonné une ultime épreuve de son cru :
Conter une histoire, plutôt plaisante, où la dernière phrase arrive en point d'orgue.
Ce jour-là, chacun se creusait la tête pour trouver une histoire à illustrer pour le dernier atelier d’écriture. Nous avions même la présence du correspondant des Informations dieppoises.
Qui serait le plus drôle ? Ça phosphore sec ! Il me prit d’envisager d’envoyer tout le monde sur la piste de la littérature russe pour casser la phobie des Russes qui se répandait depuis la guerre d’Ukraine.
Nous parlerions un temps de Tolstoï qui paraissait devoir faire l’unanimité avec son Anna Karénine et aussi bien son roman fleuve qui raconte la guerre des Russes contre les armées napoléoniennes, Guerre et Paix ; si l’on en croit les historiens, ce fut bien plus terrible que ce qu’il raconte alors. On mangea lors de la retraite de Russie de la viande de cheval crue. Même Napoléon s’en était mêlé et avait, sans le vouloir, soufflé son titre à Tolstoï auquel l’histoire avait été transmise.
Ainsi quand on lui proposait pour la première fois le menu du jour : steak de cheval, il s’était écrié :
- Oui, mais alors guère épais.
Son humeur était on le devine des plus détestables. Ça fit bien rire les Russes lettrés qui parlaient français à l’époque.
Nous étions en vacances en famille, il faisait beau, tout se passait bien. Il se trouve que nous avions quelques heures devant nous, ma femme et moi nous décidons d’aller voir des amis à quelques kilomètres de là. Là aussi, super, tout se passe bien, pris par le temps, il fallait rentrer vite.
En cours de route, je suis pris d’une envie de pipi ! Je m’arrête précipitamment sur le bord de la route alors qu’il n’y avait personne, derrière la
portière, je sors mon « engin » et là : la fermeture coincée. Impossible. Je ne peux enlever le pantalon. Tellement envie que je n’ai pas pu me retenir : la jambe du pantalon
complètement mouillée, on est reparti comme ça à toute vitesse... pour faire sécher !
En arrivant au camping, nos amis nous disent :
— Eh, tiens, André, il y a un marchand de vin qui est passé, bon sauf que l’on manquait de bouteilles.
— Ah oui, je vois bien : la bouteille que vous avez sur la table, c’est la mienne, en effet.
Et là, obligé de me retourner pour éclater de rire. En effet, je la reconnais bien, c’était celle dont je me servais toutes les nuits, du fait de l’éloignement de notre tente par rapport aux toilettes du camping.
Dans un couvent, un jour de beau temps, deux sœurs décident de faire une promenade dans la forêt voisine.
L’une d’elles est surnommée sœur Mathématiques, car elle s’occupe de la comptabilité ; l’autre, sœur Logique puisqu’elle a toujours de très bonnes idées.
Dès le début de leur balade, sœur Logique annonce :
— Je crois qu’on est suivies, j’entends des bruits de pas derrière nous.
— C’est un homme qui monte assez vite. Dans cinq minutes, il nous aura rattrapées, précise sœur Mathématiques après s’être retournée.
— Marchons plus vite, suggère sœur Logique.
Elles accélèrent le pas.
Au bout d’un moment, sœur Mathématiques regarde derrière elle pour évaluer la distance.
— Oh ! Il monte encore plus vite, dans deux minutes, il sera là !
— Courons, propose sœur Logique.
Elles se mettent à courir toutes les deux, mais réalisant qu’elles allaient entre rejointes, sœur Logique propose :
— Nous arrivons à un carrefour, nous allons nous séparer, il ne pourra en suivre qu’une qui sera sacrifiée… nous nous retrouverons ensuite au couvent.
Un quart d’heure plus tard, elles sont toutes les deux réunies :
— Alors, c’est toi qu’il a suivie, déclare sœur Mathématiques. Que s’est-il passé ?
— Eh bien, il s’est posté devant moi !
— Et alors ?
— Alors, il a baissé son pantalon !
— Et alors ?
— J’ai levé ma robe.
— Oh, et alors ?
— Alors, il est plus facile de courir avec la robe levée qu’avec un pantalon au bas des pieds. Logique !
C’est le plus beau jour de la vie de mon ami Pascal. Aujourd’hui c’est son mariage avec la jolie Véronique. Cela se passe dans l’église d’Ancourt. L’une des invités est vêtue d’une robe complètement transparente et rose, avec une merveilleuse culotte blanche. Ceci n’est pas mon histoire, mais cela se déroule le même jour.
Étant vidéaste par passion, mes talents reconnus, je suis souvent dans ces années 80 invité par mes amis à des évènements pour filmer leurs mariages, communions ou d’autres spectacles.
À l’occasion de ce mariage, j’ai décidé une nouvelle fois de louer une lourde caméra, comme à l’époque l’on pouvait se procurer seulement chez les photographes dieppois pour le prix de 300 francs, avec une caution de 10 000 francs. Oups, je n’avais pas intérêt de la perdre, cette magnifique caméra.
Tout se passe bien, je filme à l’église, puis à la mairie. La jeune femme en rose : bien !
Puis direction la salle des fêtes de Bellengreville. Tout le monde s’engouffre par la grande porte. Le repas se passe très bien.
Le soir arrive vite, et la batterie de la caméra se vide autant, ou plutôt aussi vite. Je décide de ressortir de la salle des fêtes, afin de me rendre à ma voiture, ramener la seconde batterie que j’avais oubliée sous un siège, bien cachée.
Sans éclairage à l’extérieur, je sors sur le parking ; je remarque des enfants qui jouent sur l’avant du bâtiment.
Je me dirige en direction de mon véhicule. Enfin, c’est ce que je crois car en réalité, je me dirige dans le noir presque complet, vers une petite rivière, qui se situe tout le long de la salle des fêtes. Et plouf ! Me voilà à essayer d’agripper les herbes pour me sortir de ce mauvais pas, la caméra dans une main.
Quand j’arrive à m’extirper du ruisseau, heureusement sans crue, je pénètre dans la salle des fêtes où une dizaine de photos sont prises quand ma femme me demande :
— Pourquoi tu es trempé ? Où l’as-tu mise ?
— Quoi, la batterie ? Je ne l’ai pas. Je suis tombé dans la rivière.
Sous les éclats de rire.
Mon épouse adore le chanteur Florent Pagny, malheureusement les places pour le Zénith de Rouen où il va se produire sont actuellement inaccessibles sur Internet. Notre bru se charge alors de régler le problème.
Quelques jours plus tard, je pars chez mon fils ; ma femme me rappelle :
— N’oublie pas les places pour le Zénith.
— Pas de problème, répondis-je.
Sur le Net, ma belle-fille trouve facilement les deux places si demandées.
Le lendemain, mon fils et sa petite famille mangent chez nous et rapidement, dès l’apéritif, ma femme demande si les places ont été prises.
— Mince, j’ai complètement zappé, excuse-moi, j’ai oublié, c’est de ma faute !
Ma belle-fille me regarde, étonnée, mais joue le jeu en affirmant qu’elle n’a pas de place car je ne lui ai rien réclamé. Inutile de vous décrire la réaction épidermique de mon épouse, ou plutôt si, je vous résume quelques phrases :
— Voilà, tu ne m’écoutes jamais. C’est toujours comme ça. Je passe toujours après les autres. Etc.
Le repas se passe avec beaucoup de répétitions au sujet de mes « oublis ». Mon fils me regarde avec sa femme avec un sourire entendu.
Voilà, deux semaines se sont passées, les billets sont réservés mais mon épouse ne le sait toujours pas. Ce n’est que lorsque la famille se réunit une nouvelle fois qu’enfin je dévoile la « blague ». Quel soulagement pour celle qui attendait les billets si convoités.
Le seul compliment qu’on m’adresse ce jour-là est venu de la part de mon fils :
— Tu es trop fort, vraiment, je n’aurais jamais pu tenir deux semaines !
Monsieur le curé est un homme charitable comme on n’en trouve plus : il partage les repas de première communion au risque d’être en retard aux vêpres de l’après-midi ; il conseille aux hommes d’attendre la fin de la messe avant d’aller au café de l’église et aux enfants de venir au catéchisme. Enfin, il se montre complaisant avec les femmes qui se trompent de mari, elles disent : « Je suis tombée dans le chemin de l’église » et il leur donne l’absolution. Tout le monde connaît la combine dans la paroisse et plaisante volontiers de ces arrangements.
Un jour, monsieur le curé tombe malade, il est même hospitalisé et part en cure dans une maison de convalescence. Un jeune abbé est envoyé du séminaire pour le remplacer.
En confession, il entend une première femme se reprocher la gourmandise à cause des cerises mûres dans les arbres et elle est tombée dans le chemin de l’église :
— Oh, ce n’est pas un péché, juste un problème d’équilibre.
— Le jeune abbé est moderne, clame la paroissienne à ses copines ; il est encore plus indulgent que notre père curé.
La deuxième avoue la même chute ; la quatrième et plusieurs suivantes confessent leur regret d’être tombées.
Sortant du temple, l’abbé croise le maire qui surveille les rues de la commune.
— Ah, monsieur l’abbé, vous vous sentez bien chez nous ?
— Oui, monsieur le maire, l’église et le presbytère sont merveilleux.
— Bien, se réjouit le premier élu. Pour une fois que je rencontre quelqu’un qui ne me réclame rien.
L’abbé se perd en confusion et en marques de contentement avant de signaler un problème lié à la voirie municipale :
— Plusieurs paroissiennes se plaignent de chuter dans le chemin de l’église… mais, regrette-t-il, je ne sais ni l’endroit, ni le motif de ces accidents.
— On m’en a déjà parlé, sourit le maire qui connaît le code convenu entre le bon curé et les femmes.
L’abbé laisse un moment de réflexion puis lève les mains au ciel :
— J’y pense, Monsieur le maire, vous n’avez qu’à demander à Madame votre épouse, elle-même est tombée deux fois la semaine dernière !
Mon amie Édith et moi, nous nous promenions tranquillement dans les quartiers pittoresques du vieux Rouen après avoir fait les magasins.
Un peu fatiguées, nous retournions au parking où nous nous étions garées. En traversant une rue, Édith loupa le trottoir et s’affala de tout son long.
Un homme très gentil se précipita dans l’intention de lui porter secours et lui demanda si elle s’était fait mal. Celle-ci, vexée, lui répondit d’un ton très mal-aimable :
— À votre avis, je me suis fait beaucoup de bien ?
Aujourd’hui, dernière séance de l’atelier d’écriture. Le thème du jour proposé par notre animateur est de raconter une anecdote. Le silence s’installe, je m’exclame :
— Non, je rendrai feuille blanche
Le vide est là. Je regarde autour de moi, les stylos courent sur les feuilles. Que peuvent-ils écrire ? Ils sont tous absorbés et concentrés.
Moi j’attends la fin de la séance, l’esprit loin d’ici. Je suis sur la route des vacances, le soleil brille. Je m’imagine déjà au bord de l’eau, quand tout à coup la voiture ralentit, pourquoi ? La circulation était fluide !
— Ah, s’exclame mon fils, un bouchon…
Ma petite-fille se met sur les genoux, regarde à travers la vitre et cherche sur la route :
— Dis papa, il est où le bouchon ? je ne le vois pas.
Je travaillais à Rouen et prenais le train. J’avais de vieilles galoches qui avaient appartenu à la patronne de ma Maman. Il me vient l’idée un jour de les mettre pour aller travailler et amuser la galerie.
Déjà, assez difficile de marcher avec ce genre de godasses avec des clous dessous ; et moi, l’idiote, je n’ai pas pris de chaussures de rechange.
Inutile de vous dire la difficulté, les glissades, je me suis rattrapée souvent. Ah oui, j’ai fait rire tout le monde : l’arrivée périlleuse au bureau, la matinée pénible, je glissais sur le sol.
Je n’imaginais pas que je pourrais faire la journée, le midi, j’allais m’acheter une paire de chaussures normales pour pouvoir reprendre mon travail et revenir chez moi.