25 avril 2022

UN POINT C'EST TOUT

 

Plusieurs fois, plusieurs participants ont évoqué la difficulté à ponctuer leurs textes : quand mettre un point, un point-virgule ? Le point d'exclamation est-il "autorisé" et les parenthèses, à quoi servent-elles ?

Alors ni une, ni deux : les participants ont ponctué un extrait de Proust !

Aux dernières nouvelles, le pauvre Marcel se retourne encore dans sa tombe.

 

HORREUR, Ô DÉSESPOIR

Ce qui intrigua surtout les participants est la scène étrange et incompréhensible qu'ils découvrirent en entrant, au milieu de la table où ils écrivent. Pour mesurer le trouble, il suffit de cliquer sur les photos, elles s'agrandissent et révèlent la dimension du désordre. Habituellement, le local du CEPSNA est un exemple de rangement, que s'était-il passé ? Avait-on arrosé une victoire ou s'était-on consolé d'une défaite ? L'animateur, obsédé par l'écriture, a tout de suite invité les écrivains en herbe à dégainer leurs stylos et immortaliser ce qu'ils voyaient, ce qu'ils pensaient... comme Air-France, ils sont partis dans toutes les directions. La preuve.


Texte A

En entrant dans la salle cette après-midi, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir sur la table le téléphone décroché reposant sur une bouteille de liqueur de pêche, à côté d’une bouteille de calvados entamée, ainsi qu’une tasse renversée, posée sur le goulot, à côté du fil de la prise. Bizarre, bizarre, que s’est-il passé ?

 

Texte B

Ce que voient nos yeux (façon caméra).

Sur un coin de table, quatre objets sont posés. Une bouteille de calvados à moitié pleine et coiffée d’une tasse en plastique blanche. À côté se trouve un combiné téléphonique jaune crème, avec les initiales du CEPSNA. Il partage sa place avec une bouteille vide de crème de pêche des vignes de 50 centilitres, son degré alcoolique est de 17°C. Cette bouteille est posée dans sa partie inférieure sur le fil noir du téléphone, tandis que le goulot repose sur le combiné (espace pour décrocher).

 

Texte C

Sur une scène de crime, où un individu se trouvait juste avant les faits. Nous voyons un téléphone fixe débranché, le combiné recouvrant une bouteille de liqueur, inclinée et vide. À côté, une bouteille de calvados à demi-pleine, surmontée d’une tasse en plastique renversée. De là, que peut-on recueillir comme indices ?

Le poison était-il dans la bouteille vide, celle de calva contenant encore du liquide ou dans la tasse renversée ? Il faut relever les empreintes sur celle-ci et savoir si le téléphone avait fonctionné récemment.

De toute manière, cela nous permettra de savoir si le présumé coupable est passé par cette pièce, ou si c’est le propriétaire des lieux qui s’en est servi avant sa mort.

Suite au prochain numéro.

 

Une séparation

C’est le matin, Louis, installé devant la télé, boit son café. Il repense à la soirée d’hier. En compagnie de Claire, il avait fêté son anniversaire et avait bu pour cette occasion un kir au champagne, au sirop de pêche. Ils avaient même décroché le téléphone pour ne pas être dérangés. Que s’était-il passé ensuite ?

Leur amour semblait pourtant réciproque et très fort. Claire était partie en claquant la porte.

Louis regarde le téléphone, espérant un appel de sa part avec une explication. Il s’impatiente et arrose son café de calva. Leur couple semblait pourtant inséparable. Il est désespéré et boit plus que de raison. Si Claire s’en va, Louis ne verra plus Claire.

 

Texte E

La soirée s’achève. Pierre, Marie et les autres sont fatigués, épuisés par le débat « anti-alcool ».

— Oui, dit Pierre, pourquoi cette agressivité pour défendre nos idées ?

— Tout simplement, parce que l’alcool entraîne souvent des violences, répond Marie.

François écoute, conscient des effets souvent négatifs de l’alcool, mais il pense aussi aux moments de convivialité partagés avec des amis. Et tout en parlant, il s’amuse avec les objets posés devant lui. Il murmure :

— Le téléphone est là, oui, mais la personne qui a bu ne peut appeler, ne sait plus appeler.

Et pour le démontrer, il pose la bouteille vide, coincée entre le combiné et le socle. Il continue sa démonstration, il fait porter le chapeau à la bouteille de calva à moitié vide.

 

Texte F

Sur la table, un ancien téléphone filaire, le combiné posé en travers du cadran repose sur une bouteille vide étalée de tout son long : un flacon de sirop de pêche qu’on inclut dans les cocktails, même si aucune trace de mélange ne se remarque. Est-ce une scène de beuverie ? Un coup de fil en est-il la cause ou la suite ? Bien des questions se posent ; d’autant plus qu’une autre bouteille, de calvados celle-là et seulement entamée, est posée en arrière de l’appareil. La timbale emmanchée sur le goulot laisse penser qu’elle a servi.

 

Texte G

Quel carnage ! En me levant ce matin, je me suis demandé ce qui s’était passé, je n’ai pourtant pas entendu de bruit.

Ces fêtards ont bloqué le téléphone avec une bouteille d’alcool, vide bien évidemment, pour ne pas être dérangés. Combien étaient-ils ? Mystère !

Une bouteille de calva vide, un seul gobelet, ils ont dû tout boire dans le même. Dans ces soirées, on n’a que faire de la pandémie ; l’alcool tue les microbes, et la notion de maladie transmissible est inexistante.

Comment ont-ils fini cette soirée ? Pas trop mal, je pense !